Les djeddar

Les djeddar

djebel Lakhdar & djebel Araoui, Frenda Wilaya de Tiaret Algérie

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Un djeddar est un type de monument funéraire amazigh daté du Vème et Vième siècles, période où le territoire de Tiaret était le lieu d’un important royaume berbère maure. Localement ces constructions sont parfois dénommées différemment sous les appellations de redjem ou chouchet. Ils sont itués à 14 km de Frenda, sur la RN 14.

Ces treize mausolées aux socles carrés construits en gros appareillage surmontés par une pyramide sont répartis en deux vastes groupes : le premier, sur le flanc du Djebel Lakhdar, comprend trois Djeddars (classés A, B, C), le second sur le djebel Araoui comprend dix Djeddars (classé de D à M). Les dimensions de la base de ces mausolées sont variées : la base du plus grand Djeddar atteint les 46 mètres pour une hauteur qui devait atteindre les 18 mètres. A l’intérieur du Djeddar « F », 18 salles forment deux galeries parallèles entourant deux pièces funéraires situées au centre du monument.

Les treize Djeddars (de A à M) Frenda (Tiaret),  sont des monuments funéraires pré-islamique en pierre sèche. Abritant les sépultures de chefs d’états locaux succédant à Rome, les Djeddars datent de la période s’échelonnant du Vème au VIème siècle. Ces édifices dérivés des tumuli protohistoriques ont un soubassement carré avec une élévation pyramidale. Les djeddars sont situés à trente kilomètres au sud-ouest de Tiaret, sur des hauteurs à l’ouest de Medroussa, dans la commune de Tousnina (wilaya de Tiaret) en Algérie. Trois Djeddars (A, B, C) sont situés dans le djebel Lakhdar, tandis que dix autres (D à M) sont présent au sein du djebel Araoui. Les Djeddars se caractérisent par leur ornementation suivant des formes géométriques, de flore et de faune ainsi que signes distinctifs chrétiens. Les éléments décoratifs présentent des similitudes avec ceux associés au Royaume d’Altava au nord, siège d’un évêché antique disparu. Plusieurs d’entre eux sont dans un état de ruine très avancé. Les djeddars auraient été construits pour inhumer les rois berbères durant la période qui s’étend entre la fin de l’empire romain et la conquête musulmane (soit entre 429 et 671). Selon Adrien Berbrugger, leur construction serait postérieure à l’occupation byzantine.

Selon Gabriel Camps, il existerait une filiation entre tombeaux en pierres sèches connus dans le nord de l’Afrique depuis six mille ans et les djeddars dont le Madracen et le Mausolée Royal de Maurétanie seraient les formes les plus abouties. Toutefois, les tumuli protohistoriques à enceinte bâtie nommés bazina ont la forme d’un cône à degré, alors que les djeddars comporte un soubassement carré et une élévation pyramidale.

Ces monuments attribués à l’Antiquité tardive n’ont guère retenu l’attention malgré leur aspect grandiose. Seul, parmi les auteurs arabes, Ibn er-Rakik, un chroniqueur du xe siècle, cité par Ibn Khaldoun ( source Histoire des Berbères), mentionne trois de ces monuments de la région de Tiaret qui, suivant une inscription lue au sultan fatimide El Mansour, auraient été élevés par « Soleïman le Sederghos » pour commémorer une victoire remportée sur des rebelles. Il est difficile de ne pas reconnaître sous ce nom et ce titre le Stratège Solomon, lieutenant puis successeur de Bélisaire lors de la reconquête byzantine de l’Afrique. Mais il est impossible d’attribuer les monuments du Djebel Lakhdar à cette époque.

C’est à l’archéologue René du Coudray de La Blanchère que l’on doit les descriptions les plus complètes de ces monuments découverts en 1842; après l’analyse de S. Gsell qui reprend les plans de Mac Carthy et de La Blanchère, il faut attendre les importants travaux de l’archéologue Fatima Kadra en 1968-1969, pour obtenir une documentation et une étude fondées sur des fouilles régulières. Celles-ci portèrent sur les monuments du Djebel Lakhdar.

 

 

Plan du djeddar C levé par Oscar Louis Alfred Mac Carthy ( 1815 –) est un géographe et explorateur d’origine irlandaise.

 

 

Le djeddar nommé A, considéré comme le plus ancien, date du « 5ᵉ siècle » »romain » siècle et comporte une inscription latine concernant un haut personnage, peut-être romano-africain. La construction des treize djeddar répertoriés s’échelonne sur deux siècles. L’ornementation présente des formes géométriques (rosaces, étoiles, chevrons), des signes distinctifs chrétiens (colombes entourant un calice), et des représentations d’animaux déjà présentes à la préhistoire (bovins, chevaux, lions, etc.). Certains éléments décoratifs se retrouvent plus au nord dans ce que les archéologues nomment « le Royaume d’Altava ». (Les vestiges de la cité romaine d’Altava se trouvent à une trentaine de kilomètres à l’est de Tlemcen. Le route nationale n° 7 (de Relizane à la frontière du Maroc) passe au nord de son enceinte en écornant légèrement son angle nord-est ; la voie ferrée d’Oran au Maroc passe exactement au milieu des ruines, où la gare est bâtie, ce qui interdit des fouilles éventuelles en cet endroit).

 


Djeddar (monument funéraire), source : www.jeanclaudegolvin.com

 

Selon l’historien Yves Modéran, les trois djeddar les plus anciens pourraient dater du IVe et du tout début du ve siècle, et être l’œuvre de princes païens d’origine saharienne, ce qui remettrait en cause l’idée admise jusqu’alors que Rome aurait contrôlé la région jusqu’en 455. Pour les autres djeddar, ceux du djebel Araoui, édifiés de la fin du Ve jusqu’au viie siècle, et portant des fresques chrétiennes, il est admis qu’ils ont servi de sépulture à des chefs chrétiens d’un état berbéro-romain successeur de Rome en Maurétanie.

Le plan intérieur du djeddar F est complexe: deux galeries de forme carrée, comprenant en tout dix-huit salles, entourent deux chambres sépulcrales ornées de fresques d’inspiration chrétienne. Le djeddar A, qui a été le plus exploré, a une base de 34 mètres de côté et pouvait atteindre 17 mètres de hauteur. Il dispose également d’un système de galeries comportant huit salles qui entourent la chambre funéraire centrale, ornées de sculptures en bas-relief d’animaux et de scènes de chasse. Il est le seul des djeddar à posséder une enceinte extérieure comprenant un petit édifice pour le culte qui fait face au côté oriental du mausolée. Les dimensions de leur base carrée varient de 11,50 mètres de largeur pour le djeddar B à 46 mètres pour le djeddar F, dont la hauteur pouvait atteindre 18 mètres à l’origine. Certaines pierres de taille ayant servi à leur construction portent encore des marques de tâcherons à noms berbères ou romains. Les djeddar ont été proposés pour figurer dans la liste du patrimoine mondial par les autorités algériennes en 2002, sans suite.

Aperçus des travaux de l’archéologue Fatima Kadra (1968-1969) sur les Djeddar ( Djedar / G. Camps 1995)

 

 

 

 

Les Djeddar sont  gérés par l’OGEBC, Epic publique sous la tutelle du ministère de la culture qui gère les parcs archéologiques, les monuments historiques et les musées en Algérie.

Mme TAA Fatiha est la responsable OGEBC de la région de Tiaret (selon le site de l’office en date du 20 février 2022).

Adresse : Centre national des recherches préhistoriques, rue de Frenda, Tiaret
Mob: +213 (0)782113812
Adresse email: ogebctiaret14@gmail.com

 

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