Rahim Sadek
Oran Wilaya d Oran Algérie
À propos
Sadek Rahim est un artiste d’art contemporain, après des études d’informatique à l’université d’Oran (USTO de 1991 à 1993). Il s’installe en 1995 au Liban où il entame des études d’art plastique et obtient un diplôme en arts plastiques à l’ALBA (l’Académie libanaise des Beaux-arts, Beyrouth), il poursuit sa formation au Central Saint Martins College of Art and Design à Londres. « En tant qu’Algérien à Londres, j’étais déjà un artiste dévalué, je faisais partie d’une minorité. Mais les minorités deviennent fortes quand elles se servent de leurs propres atouts, leur «originalité». » affrime-t-il. Il est membre du groupe Présence (Alger) et membre du jury « Festival film pocket » à l’institut français d’Oran (2010, 2011, 2012). Il est co-curateur de « Vidéo’Appart Paris-Oran » (2010, 2011) et assistant curateur de la 1ère et de la 2e Biennale d’art contemporain d’Oran (2010, 2012), co-curateur de la Nuit Blanche (2010, 2011, 2012, 2013) à Oran et co-curateur de « Ahlan Wahran, Oran en lumières » (2011). Sadek Rahim est co-fondateur de la Biennale méditerranéenne d’art contemporain d’Oran et de la galerie Civ’œil avec Tewfik Ali-Chaouche.
Après avoir été artiste associé avec la même université il rentre en Algérie. Désormais, une grande partie de ces œuvres sont des installations autobiographiques qui témoignent de la crise politique et morale que traverse l’Algérie. Signe manifeste de cette revendication à investir le territoire, son œuvre affirme précisément la possibilité d’y bâtir sa carrière, de ne pas céder à la tentation de l’exil qui se traduit dans un traitement par exemple du thème de la migration qui va à contre-courant de la doxa artistique locale. Sujet largement abordé dans l’art algérien le plus récent, le destin des harraga (soit le nom en arabe des émigrés qui tentent de rejoindre l’Europe clandestinement) est généralement évoqué à travers l’angle du drame humain que constitue la traversée de la Méditerranée ou de la critique des politiques d’asile en Europe.
« Sadek Rahim prend un parti sensiblement différent en préférant dénoncer la culture du départ entretenue dans son pays. A travers un corpus d’œuvres qui utilisent le tapis oriental comme principal motif, le plasticien retourne contre elle-même la symbolique du tapis volant pour révéler le caractère illusoire des eldorados qui en constituent les lignes d’horizon. Appesantis par des coulées de béton, présentés en regard d’un piston de chalutier dysfonctionnel (Piston), associés à une valve à pétrole bétonnée (The Missing), à une pompe à injection (Made in URSS) ou à des pièces de moteurs (The Fleet), les tapis de Sadek Rahim incarnent moins des possibilités d’évasion que l’échec du mythe qui les motive. Cloués au mur, comme des avions le sont au sol, ils sont alourdis du poids du réel, l’artiste les rappelant ici à une vision pragmatique comme pour mieux convaincre de rester à terre. Placée sous le signe d’une référence à Pierre Bourdieu qui défile en vitrine (« Parce qu’on connaît les lois de la pesanteur, on peut voler »), elle dit en quoi la connaissance d’une contrainte est la condition de son dépassement, un propos d’autant plus audible à l’heure où le hirak entraîne à une chute de 80 % des départs de jeunes Algériens. Dans sa vie comme dans son œuvre, Sadek Rahim démontre que l’exil n’est pas une fatalité, Gravity3 apparaissant alors comme un appel à peine voilé à constituer une scène locale, autonome et émancipée.» Florian Gaité, extrait publication sur CRITIQUE D’ART 53 (Plasticien du bled. De Sadek Rahim au hirak, l’art contemporain algérien en quête d’autonomie).
Exposition Gravity3 2019 au Musée d’Art Moderne et contemporain d’Oran
Gravity3 est le fruit d’une collaboration complice entre l’artiste et la commissaire d’exposition française Marie Deparis Yafil, initiée à l’occasion d’Art Dubaï en 2017. Le projet s’est développé ces deux dernières années en un corpus formellement hétérogène (dessins, installation, vidéo, photographie, sculpture, performance), articulé autour de sujets communs (la migration des jeunes, la politique industrielle, l’inertie sociétale, etc.). « L’exposition Gravity3 est à ce jour la plus grande monographie présentée sur le territoire qui soit autant ancrée dans une démarche contemporaine, adaptée aux normes esthétiques des musées occidentaux sans rien sacrifier de son ancrage local. Si on y trouve les marqueurs des pratiques de l’art, dites « contemporaines » en Occident – l’importance du propos critique, le décloisonnement disciplinaire ou la prépondérance du concept –, elle révèle des singularités stylistiques plus endémiques. ». Florian Gaité